Deux sites nationaux des Crous labellisés e-accessible de niveau 5

Deux des sites du CNOUS (Centre National des Œuvres Universitaires et Scolaires), mesrendezvous et CVEC (Contribution à la vie Étudiante et de Campus), développés par les équipes d’Empreinte Digitale, ont été labellisés e-accessible au plus haut niveau, sur la base du RGAA 3 (version en vigueur au moment du dépôt de leur candidature) !

C’est le résultat d’un travail en amont, pour développer des sites nativement accessibles. Une fierté partagée avec notre client et une bonne opportunité pour évoquer les labels et l’accessibilité numérique, mais aussi les spécificités d’accompagnement et de développement d’un tel projet.

Les labellisations et l’accessibilité numérique

Il existe aujourd’hui deux labels permettant à un organisme de valoriser le travail fourni pour rendre un site accessible : l’un s’adresse aussi bien au public qu’au privé, l’autre est limité à la sphère publique.

Le label Accessiweb de Braillenet

Accessiweb est le label historique de référence : créé en 2003, il est porté par l’association Braillenet qui a d’ailleurs formé une génération d’experts en accessibilité numérique, dont six collaborateurs d’Empreinte Digitale. Il s’adresse aussi bien aux acteurs publics que privés. Au fil des années, 140 sites ont été labellisés (avec trois niveaux : or, argent et bronze), mais il semble que ce label ait ralenti son activité, avec seulement deux sites labellisés en 2020.

Le label e-accessible de la DINUM

En 2015, la Direction Interministérielle du Numérique (DINUM), alors nommée Direction Interministérielle des Systèmes d’Information et de Communication (DISIC), crée un nouveau label qui accompagne la troisième version du Référentiel Général d’Amélioration de l’Accessibilité (RGAA). Baptisé “e-accessible”, ce nouveau label a alors pour objectif d’inciter les organismes publics à s’engager dans une démarche de mise en accessibilité, sans pour autant appliquer le niveau AA du RGAA 3, dès la première année (obligatoire ensuite). Basé sur les critères du label historique Accessiweb, cette nouvelle mouture concerne alors les sites web et les applications (internet public, extranet et intranet).

Chez Empreinte Digitale, nous sommes habilités à inspecter les sites souhaitant obtenir le label e-accessible (dans le cadre d’un marché public de la DINUM, remporté par un groupement, associant plusieurs entités). Cependant, dans un souci d’impartialité, les audits de nos réalisations labellisables sont conduits par des inspecteurs indépendants. Ce fut le cas pour les deux sites du Crous.

Le processus de création d’un site accessible labellisable

Penser “nativement accessible”

Nous l’avons déjà souligné à plusieurs reprises dans nos articles : l’accessibilité numérique doit être prise en compte dès le début d’un projet web, et ce, durant toutes les phases de développement. L’objectif étant d’éviter des corrections a posteriori, voire la remise en cause totale du projet.

C’est pour cela que les sites du CNOUS, mesrendezvous et CVEC, ont été développés de manière nativement accessible. L’accessibilité numérique faisait donc partie intégrante du cahier des charges et avait été évaluée en amont, comme le précise Patrick Macheboeuf, le chef de projet web : Nous avons intégré directement l’accessibilité numérique dans notre proposition au CNOUS. Chaque composante de l’interface est passée entre les mains d’Emmanuel Charbonnier, notre webdesigner- intégrateur, également expert en ’accessibilité numérique, pour veiller au respect des normes. Grâce à cette démarche, le site CVEC a été développé de manière nativement accessible et un premier audit a attesté de sa conformité au RGAA, avant même d’entrer dans la démarche de labellisation e-accessible. La même approche a été adoptée pour mesrendezvous.

Ces deux sites respectaient ainsi, en amont, une grande partie des critères requis par le RGAA 3 (version en vigueur au moment du dépôt de leur candidature), comme le requiert l’obligation légale pour les acteurs publics. Avec le développement nativement accessible, la démarche de labellisation a pu être envisagée sereinement.

Le parcours de labellisation e-accessible

Contrairement à un développement de site dit “classique”, l’objectif d’obtention du label induit la prise en compte d’un processus bien particulier, avec différentes phases : le site candidat est d’abord soumis à un premier audit, avec un délai de vingt jours ouvrés pour effectuer des corrections, si besoin. Au total, le label prévoit jusqu’à trois audits avec, à chaque fois, une période de correction. À l’issue de ce processus, il est attribué si tous les critères attendus pour le niveau visé sont remplis.

Dans le cadre de la démarche de labellisation des sites du CNOUS, ces contraintes ont été prises en compte et intégrées de manière spécifique dans la gestion de projet, comme le souligne Simon Bonaventure, responsable de notre pôle accessibilité numérique : L’objectif de labellisation implique une organisation particulière du planning de production, afin de réserver du temps spécifiquement pour les corrections éventuelles, suite aux audits de contrôle. Il est rare d’atteindre la perfection dès le premier audit ; en effet, l’accessibilité numérique comporte une part de subjectivité, propre à chaque auditeur.

Réalisé par Access42 (également titulaire du marché public auprès de la DINUM pour les labellisations), ce processus de contrôle n’a finalement relevé que quelques défauts mineurs sur les deux sites développés par nos soins. Les sites de la CVEC  et de mesrendezvous affichent ainsi le logo du label e-accessible de niveau 5, avec la mention “totalement conforme”.

Capture d'écran du footer du site Contribution à la vie étudiante et de campus avec le logo e-accessible et la mention totalement conforme.Capture d'écran du site mesrendezvous affichant le label e-accessible

L’avenir du label e-accessible

Aujourd’hui, le principe de labellisation reste un élément nécessaire pour les organismes qui ont parfois besoin de justifier des budgets alloués à l’accessibilité numérique, notamment grâce à la visibilité qu’offre le label. C’est un constat que nous faisons régulièrement, de par les sollicitations que nous recevons : les organismes publics souhaitant se faire accompagner par des experts ont, le plus souvent, un objectif de labellisation. Un élément non négligeable lorsque que l’on sait que l’accessibilité peine encore à s’imposer comme une évidence.

Reste que le label e-accessible promulgué par la DINUM semble voué à disparaître. En effet, s’il n’y pas eu d’annonce officielle, les pages d’information et d’inscription ne sont plus disponibles sur le site de la DINUM. Les niveaux de conformité A et AA ont également disparu de la dernière version du Référentiel Général d’Amélioration de l’Accessibilité (RGAA 4). On peut donc, de ce fait, supposer que le label e-accessible n’existe plus.

Supprimer le label e-accessible, c’est prendre le risque que des organismes, en recherche d’indicateurs visuels de prise en compte de l’accessibilité, se tournent vers des solutions qui ne respectent pas les exigences du RGAA. C’est d’ailleurs ce que rappelle Julie Moynat, intégratrice web et consultante en accessibilité numérique, dans son article sur les surcouches d’accessibilité :

Les outils de personnalisation des interfaces sont complémentaires à la mise en accessibilité […] mais ce ne sont jamais des remplaçants. Sans accessibilité réelle, ces outils ne fonctionnent pas bien. Sans accessibilité réelle, les personnes handicapées seront toujours handicapées par l’inaccessibilité des sites web. C’est une aberration de vendre ces outils en les opposants à la mise en accessibilité d’un site web. Oui, c’est moins cher mais c’est parce que ce n’est pas du tout la même chose. La magie n’existe pas. Si c’est trop beau pour être vrai, c’est probablement que ce n’est pas vrai.

Chez Empreinte Digitale, nous pensons que tout ce qui contribue à faire avancer l’accessibilité numérique, est une bonne chose. Ainsi, plutôt qu’une suppression de ce label, comme beaucoup de professionnels, nous aurions préféré une mise à jour, en cohérence avec la quatrième version du Référentiel Général d’Amélioration de l’Accessibilité (RGAA).