Un datacenter éco-conçu est-il responsable ?

Publié le par Noémie Bourdon et Yves-Gaël Chény.

Mots-clés associés : Développement durable et Technologies.

Alors que le numérique tend vers toujours plus de sobriété, un datacenter éco-conçu est-il pour autant forcément responsable ? Alors que les entreprises et les professionnels sont en quête de prestataires plus green, quels sont les critères à prendre en compte pour choisir un datacenter responsable  ?

Des indicateurs souvent limités à l’impact environnemental 

La plupart des indicateurs s’arrêtent aux impacts énergétiques et environnementaux directement liés à l’activité. Les grands opérateurs de cloud réalisent leur bilan carbone, mettent en avant une consommation électrique raisonnée ou encore un cycle de vie du matériel éco-conscient… voire plantent des arbres.

Certaines de ces grandes entreprises du numérique valorisent également leur impact positif sur leurs utilisateurs : mise en avant de la mobilité douce, etc…

Pour autant, ces seuls critères environnementaux ne nous semblent pas suffisants pour parler d’un opérateur cloud réellement responsable. En effet, les plus grands hébergeurs cloud du marché, malgré des engagements affichés, ne respectent pas le RGPD (Règlement Général de Protection des Données), imposent des conditions de travail questionnables ou font face à des scandales fiscaux. 

A travers AWS (Amazon Web Services), Amazon communique ainsi sur son impact positif en faveur du développement durable, mais a également été condamnée par la CNIL pour avoir enfreint le RGPD sur les cookies et est régulièrement pointée du doigt pour les conditions de travail de ses salariés ou pour ne pas payer d’impôts en France.

Google a également été épinglé pour ses paiements d’impôts dérisoires mais aussi son non-respect de la vie privée avec une collecte importante et illégale de données personnelles. La CNIL a d’ailleurs déclaré Google Analytics comme étant non conforme au RGPD.

Sources en fin d’article.

Un datacenter responsable ne se limite pas à l’aspect environnemental

Le numérique responsable ne se limite pas à l’aspect environnemental, il faut aussi prendre en compte la dimension sociétale que ce soit l’accessibilité, son impact sur la société et le respect de l’utilisateur en matière de protection de la vie privée et de protection des données.

Plus globalement,on peut aussi penser à l’éthique et aux valeurs de l’entreprise pour parler de centre serveur pleinement responsable. 

Les autres critères à prendre en compte  

Le respect du RGPD et la souveraineté  

Aujourd’hui, un opérateur de cloud éthique doit, en plus d’être en phase avec l’enjeu écologique, garantir aux utilisateurs la protection et la maîtrise de leurs données, au minimum en respectant le Règlement Général sur la Protection des Données.

Cela ne peut être garanti que par le choix d’un opérateur de cloud européen et indépendant. Pour sécuriser l’ensemble de la chaîne de valeur il faut également penser aux outils numériques utilisés et opter pour des solutions libres et open source.

Attention, utiliser une solution libre et open source ne garantit pas la protection de vos données si elle est hébergée chez un opérateur de cloud américain, depuis le rejet du Privacy Shield. La localisation de ses serveurs en Europe ne remédiera d’ailleurs pas à cette non-conformité : toutes les entreprises américaines et leurs filiales sont soumises au Cloud Act sans limite géographique, les autorités américaines pouvant demander l’accès à vos données à tout moment.

Choisir un hébergement éthique et responsable et des technologies libres, c’est avant tout préserver la liberté et la vie privée de l’utilisateur. En effet avec la transparence du code vous savez quelles données sont collectées et avec un opérateur de cloud responsable vous savez par qui et comment ces données sont traitées.

La sécurité des infrastructures 

La sécurité des infrastructures reste indispensable dans le choix d’un datacenter. Il n’y a pas de respect du RGPD possible sans des garanties en termes de cybersécurité et de sécurité des bâtiments physiques qui abritent le datacenter. 

En d’autres termes, l’engagement environnemental ne doit pas être au détriment de la raison d’être d’un datacenter : proposer des infrastructures sécurisées et respectueuses de l’utilisateur tout en garantissant une haute disponibilité pour protéger les intérêts économiques de chacun.

L’aspect social et la contribution à la société

Au-delà du cœur de métier, héberger et traiter des données, on peut aussi prendre en compte la dimension sociale d’un datacenter. 

Un datacenter responsable peut en effet apporter une contribution à la société, c’est l’idée de nouveaux modèles économiques comme celui des datacenter de proximité. 

L’idée : un datacenter de proximité et une approche plus concrète de la data dans nos territoires encore parfois peu sensibilisées au monde de la data. Le datacenter devient ainsi un outil pédagogique pour sensibiliser les utilisateurs finaux à l’enjeu de protection et de souveraineté des données. C’est tout l’enjeu que nous mettons au cœur de notre projet de datacenter angevin en partenariat avec Stratosfair !

Ce maillage de datacenter d’un genre nouveau est une double réponse à l’enjeu sociétal autour du numérique et au défi environnemental avec l’utilisation de l’énergie solaire et la revalorisation de la chaleur fatale par exemple pour des serres ou des bâtiments.

Avec ce nouveau modèle d’avenir, le datacenter devient pleinement responsable en prenant en compte l’ensemble des piliers du numérique responsable (respect de l’environnement, souveraineté et protection de la vie privée, sécurisation des données, sensibilisation et engagement au niveau local).

Sources

À propos des auteurs

Noémie Bourdon

Chargée de communication et marketing

Yves-Gaël Chény

Responsable pôle datacenter