Nous étions à Paris Web !

Paris Web est la conférence francophone des gens qui font un web accessible et de qualité. Autant vous dire que nous ne pouvions pas manquer cet événement ! A l’affiche de ces deux jours : 42 conférences, 15 ateliers, 63 orateurs.

Crédit : © Franck Paul

Il nous aurait été difficile de vous faire un retour sur toutes les conférences, c’est pourquoi nous vous proposons de résumer deux conférences, sur chacune des deux grandes thématiques de Paris Web : l’accessibilité et la qualité.

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L’accessibilité numérique à l’ère de l’intelligence artificielle

Speakers : Elie Sloïm et Denis Boudreau

L’Intelligence Artificielle et notamment les technologies d’assistance sont de plus en plus prégnantes. Elles s’immiscent dans nos vies jusqu’à changer nos usages personnels mais aussi nos usages de professionnels du Web. Partant de ce constat, on peut se demander alors, quelle est la place de l’accessibilité numérique ? En effet, avec cette omniprésence du digital, quid des personnes en situation de handicap et de leur utilisation de ces outils ?

Et plus généralement : quelle place pour les métiers du Web dans tout ça ? Comment permettre à tous de digitaliser leur quotidien ? C’est la question que se sont posés Elie Sloïm et Denis Bourdeau, et ils ont tenté d’y répondre.

Outils de reconnaissance d’image avec description automatique, de reconnaissance faciale, de lecture sur les lèvres (Google DeepMind), de reconnaissance de langue des signes, traduction automatique des langues (Google Earbuds), etc. Ces nouvelles technologies, au plus grand contentement de leurs nombreux utilisateurs, voient le jour régulièrement et sont de plus en plus fiables. En effet, rappelons que 12 millions de personnes en France en 2017 sont en situation de handicap. Toutes ces nouveautés envahissent notre quotidien si bien qu’elles ont changé notre manière d’utiliser le web mais également notre vie de tous les jours.

Alors dans cet écosystème, où chacun semble trouver son compte via le dépassement des contraintes des interfaces non accessibles, l’avenir de l’accessibilité numérique semble compromis. Malgré tout, il ne faut pas oublier que ces technologies reposent sur l’apprentissage des machines (machine learning) et sur l’assemblage de plusieurs technologies qui permettent d’aboutir à des outils performants et fiables.

Ce qu’il faut retenir de la conférence

La place des métiers du web dans cette nouvelle ère serait donc d’assembler les différentes briques existantes, de leur enseigner nos savoirs pour en faire des outils performants. C’est le cas par exemple d’outils comme WorldLens (lecteur d’image), qui combine la reconnaissance d’images et Google translate.

Améliorer la Performance : entre réalité et perception

Speaker : Geoffrey Crofte

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Les utilisateurs des sites et applications sont impatients, ils ne veulent plus attendre. La preuve en est : 53 % des utilisateurs quittent un site Web après 3 secondes de chargement et la durée moyenne d’attention est passée de 12 secondes en 2000 à 8,25 secondes en 2015.

La notion de temps ne s’appréhende pas seulement comme une mesure du temps qui s’écoule, mais également comme le ressenti qu’en a l’utilisateur.

Il existe donc plusieurs « temps » :

  • le temps objectif : celui que l’on voit défiler sur une horloge. Il s’écoule tout au long d’une action. Exemple : Je clique sur un lien, la page met 9 secondes à s’afficher.
  • le temps psychologique : difficilement mesurable, car notamment lié au contexte et à l’utilisateur. Exemple : Je clique sur un lien, la page met 9 secondes à s’afficher, mais comme je suis pressé j’ai l’impression que cela met 1 minute.

Par ailleurs, le temps est une perception non linéaire, c’est à dire que pour un même temps objectif, le temps psychologique varie. Il va dépendre de paramètres tels que :

  • Le type et la complexité de la tâche : plus la tâche est complexe, plus le temps objectif sera élevé. Mais alors l’attention portée sera plus importante, ayant pour conséquence de diminuer le temps psychologique ;
  • L’expérience de la personne sur des tâches similaires : l’habitude dans l’exécution d’une tâche accélère sa réalisation et peut engendrer une perte d’envie, de motivation et engendrer de l’ennui. Au contraire, une tâche nouvelle prendra plus de temps et la perception de sa durée sera plus élevée ;
  • La disposition de la personne : la fatigue, le stress, l’âge, etc.

Comment améliorer la perception du temps ?

  1. Pour optimiser la perception de l’attente plusieurs leviers peuvent être activés :
  • la stimulation : indicateurs placés sur l’écran de chargement pour rappeler l’attente (animation cyclique …)
  • la durée : réelle ou ressentie
  • l’attention : accordée à la tâche principale ou à une autre (détourner l’attention)
  1. Pour diminuer le temps ressenti, il faut donc réduire le temps objectif. D’une certaine façon, cela revient à “manipuler” l’attention de l’utilisateur.
  2. Pour réduire le temps objectif, il faut veiller à optimiser ses serveurs, gérer le cache, éviter les publicités, etc.

Il est possible de mettre en place un certain nombre de palliatifs pour faire patienter l’utilisateur et ainsi réduire la perception de ce temps :

  1. Temps de chargement rapide : entre 2 à 8 secondes, mettre en place un spinner (roue de chargement)
  2. Temps de chargement moyen : mettre une barre de chargement qui propose un début et une fin. Ainsi, l’utilisateur peut estimer le temps restant et envisager de faire autre chose en attendant
  3. Temps de chargement long :
  • Ajouter des faux contenus (placeholder). L’interface se met en place petit à petit et l’utilisateur peut se projeter sur la disposition à venir des contenus. Il passe alors par une phase de découverte préalable à la prise de connaissance des contenus.
  • Ajouter une information rédactionnelle pour rassurer le visiteur. Par exemple, expliquer le processus en cours, lister les étapes …

Au-delà de faire patienter, il est donc également possible de détourner l’attention via différentes méthodes :

  • Proposer de la lecture : informer sur le pourquoi de l’attente
  • Proposer une activité : exemple lors du chargement d’une vidéo sur Youtube, il est possible de saisir le formulaire de dépôt de la vidéo.
  • Mentir : exemple des mentions « j’aime » sur Twitter. Au clic, le cœur change de couleur, mais l’enregistrement de l’événement ne se fait que quelques secondes plus tard.
  • Lazyload : proposer un accès rapide au contenu pendant qu’il se charge. Le contenu principal se charge rapidement, puis le contenu secondaire apparaît.

Finalement, est-il toujours nécessaire de réduire le temps de chargement et sa perception lorsqu’on parle de qualité ? L’exemple du restaurant pris par Geoffrey prouve le contraire. Vous allez au restaurant, commandez un plat et en 4 minutes il est servi, est-ce pour autant gage de qualité ? Le signal renvoyé est plutôt inverse. Si on se projette sur le web, dans le cadre d’un processus de paiement, par exemple, un temps court pourrait renvoyer un signal d’insécurité.


Pour finir sur cette 12e édition de Paris Web, comme les fois précédentes, les ambitions furent largement atteintes.

A bientôt pour la prochaine édition !